In memoriam – Frantz Pellaton
Nous avons le regret de vous faire part du décès de Frantz Pellaton, maître de conférences à l’université Sorbonne Paris Nord, survenu le 22 mai 2025, à l’âge de 62 ans.
Hommage
Notre collègue, l’historien du droit, Frantz Pellaton, nous a quittés subitement jeudi dernier en laissant les juristes du département DSPS, et en particulier ses amis de la section d’histoire du droit, abasourdis et profondément attristés. Frantz Pellaton était un des piliers de l’Université Sorbonne Paris Nord puisqu’il était en poste chez nous depuis 1994. C’était une des figures historiques du département de droit. Il nous avait tous accueillis avec une grande bienveillance et cette discrétion empathique dont il savait faire preuve vis-à-vis de tous ses collègues de l’université, professeurs comme personnels administratif. C’était un esprit fin, discret, sympathique, avec lequel il était facile d’échanger, toujours en toute simplicité. Il venait de Bordeaux et avait toujours une petite anecdote sur l’actualité ou l’évolution des mœurs. Il nous a tous impressionnés, et même assez étonnés, par son savoir encyclopédique. Sous ses dehors discrets, Frantz était un véritable érudit.
Il avait soutenu en 1994 sous la direction du doyen Jean-Pierre Poly, éminent spécialiste du Moyen Age, une thèse remarquable sur le droit germanique, Pouvoir et société chez les Saxons d’Auguste à Charlemagne. Il n’était pas « simplement » juriste dans le sens classique du terme. Son savoir en anthropologie et ethnographie le dotait d’un regard propre et toujours très original sur notre discipline. Passionné et passionnant, il savait faire partager son enthousiasme à ses collègues, mais aussi et surtout il avait à cœur de transmettre ce savoir polycentrique à ses étudiants. Il assurait en licence des cours les plus variés, de l’histoire du XIXe siècle en AES à l’histoire des institutions publiques de l’Ancien Régime en L1 Droit, ainsi que l’Histoire des institutions de l’Antiquité en L2 Droit, et en master 1, il donnait un cours sur l’Histoire du droit public. Dans toutes ses activités, il était très attaché à cette mission de transmission qui fait le sel de notre discipline. Son savoir considérable et exigeant sur tous les trésors historiques que nous ont légué les siècles passés passionnait les étudiants. Il avait le goût des disciplines les plus diverses au service de la culture générale, cette discipline qui, comme le disait le général de Gaulle dans Le Fil de l’Epée (1934), est la seule véritable « école du commandement ». Les étudiants appréciaient ses vues originales, sur des peuples et des civilisations si différentes de celles que nous avions l’habitude de leur enseigner. Frantz les faisait remonter aux origines des sociétés humaines et, dans un monde aussi complexe que le nôtre, et aussi déroutant, ce retour aux origines leur était fort original mais aussi fort profitable. Personne ne pouvait s’attendre à ce que cet esprit si cultivé et curieux puisse nous quitter aussi vite. Né le 8 juin 1962, il n’avait que 62 ans. Nous sommes tous dévastés par ce départ subit et tragique. Nous pensons surtout à sa fille, Marie, à ses parents, et à tous ses proches qui perdent avec lui une âme sensible et généreuse.
Jacques de Saint-Victor